Je présente à nouveau Pascal Pérennec dont je vantais déjà le magnifique travail ici. Les photographies présentées aujourd'hui sont issues d'une démarche très personnelle, pas de pression, pas de commande, pas de sujet précis, juste l'envie de se retrouver, lui, son appareil, l'instant... et l'errance à "l'Oùest" comme il intitule cette série, dont il nous ramène de très beaux instantanés qui racontent, effleurent, émeuvent, tout autant que ses mots qui les accompagnent... Je reste toujours très touchée par son talent et sa sincérité. Pour en voir plus, c'est chez lui, par là.
"Je n’ai pas envie de m’en
expliquer
D’avoir un « propos »
pour discourir de ces images
Que faudrait-il dire
d’ailleurs ?
Je ne suis même pas sûr que ces
photos soient bonnes ou défendables
Cela m’importe peu finalement
Je ne veux rien prouver
Je n’invente rien
Ce n’est pas de la fausse modestie
J’ai tellement aimé faire ça, si
vous saviez
Malgré les découragements
Nombreux…
Je me méfie de l’éloquence de
certains textes
Les « voyez comme je
suis photographe »
Je ne suis pas dans la démonstration
Encore moins la compétition
Je connais mes propres limites
Et le talent de beaucoup d’autres…
Et puis je pense à toutes celles
que mes yeux n’ont pas rencontrées
Celles que mon cœur n’a pas vues
Celles que ma tête n’a pas
retenues
Alors à quoi bon essayer de
« vendre »
Ce qui aurait pu être complètement
autre
A quelques centièmes d’errements
près…
En tous les cas, je les assume
totalement
Mieux je les revendique
Pire je vous les montre
Parce que l’on se connaît un peu
Et que je vous sais prévenant…
J’aime à dire qu’elles ont été
mieux désirées (coût du film oblige !)
Plus lentes dans leurs
gestations
Moins décisives dans leurs
compositions
Privilégiant la frontalité des
cadrages
Avec plus de sol
Plus de distance aussi
Avec cette sensation étrange
d’être plus
« présent » dans l’image…
Elles sont aussi une respiration
nécessaire
Comme un retour obligé à l’essence
du métier
A cet état de
« regardant »
Econome jusque dans ses moindres
gestes
Dansant sur ses pas en une valse
hésitation
Retrouvant cette jubilation de
l’attente
A fortiori dans des lieux
improbables
Où mon
« existence physique » ne trouve sa justification
Que dans cet arrêt
photographique
Zieutant
l’espace d’un instant…"
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