A bien y réfléchir, rester mirer le hublot de mon sèche-linge n'est pas vain. Je peux y voir un tourbillon d'émoi ou d'ennui selon l'humeur. Je gère le temps et j'ai le pouvoir de stopper la machine à tout moment. La chaleur tournante à l'intérieur est toujours présente, celle qui fait rougir les joues, tambour battant, lorsqu'on s'y aventure de trop près. Substitut de manège. Le tissu s'effeure devant le hublot, passe et repasse sans fin, mais jamais dans la même position, ni dans le même sens, ni avec la même expression. Les formes et les scénarios que j'imagine à chaque passage n'ont rien à envier au tirage du loto. Parfois on gagne, et puis parfois non. Je parie le orange au premier tour, c'est le vert qui passe ! Je parie la chaussette bleue, c'est doudou qui gagne, nez plaqué au carreau tel un champion ! Finalement le tableau est interactif et volatile. La couleur s'y mélange, tourbillon, osmose des sens, danse du ventre métallique. A bien y regarder, mon reflet lessivé se mélange, plaqué derrière l'autre hublot de ma machine à capturer les images. Juste que moi, je tourne pas, mais je fais comme si, au mieux je sautille, au pire je deviens verte. Effectivement, la roue tourne pendant que je fais du sur-place, mais le risque paraît essentiel, c'est certainement le syndrome adrénaline-soupline, ne plus savoir si c'est moi là-dedans ou si je suis encore dehors. Et lorsque la sonnerie retentit, je reste devant le Judas, espérant pouvoir ouvrir la porte et préserver le parfum du nounours qui cajole. Et puis vous, derrière vos machines, "ordinateurs" on appelle ça, je deviens la deuxième ou la trentième tournée du jour, celle qui vous fait faire un petit tour tout autour du tambour, au mieux un pas de danse, celle qui n'a pas la solution pour laver les maux plus blanc que blanc, ni même vous donner le tournis...
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